Un suivi sur les syrphes pour évaluer la bonne santé du Marais

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Les syrphes ? Vous les connaissez sans doute, ce sont de belles mouches qui butinent les fleurs, et pratiquent un vol en surplace bien particulier. Les plus connues d’entre elles ressemblent à des guêpes mais il n’en est rien, c’est seulement la stratégie de camouflage qu’elles ont choisie pour dissuader les prédateurs. Et si aujourd’hui nous vous parlons des syrphes, c’est parce que nous mettons en place un suivi spécifique de cette espèce sur le marais de Vaux dans l’Ain, plongez-donc dans l’univers de ce petit insecte !

 

©Syrphe sur Chelidonium majus-LolaBoile

Carte identité des syrphes : 

  • C’est un insecte, appartenant à l’ordre des diptères, ordre qui comprend aussi les mouches,
  • On les confond souvent à tort avec les abeilles ou les guêpes puisqu’une grande partie des espèces présentent une alternance de lignes jaunes et noires sur l’abdomen. Ce mimétisme permet aux syrphes de se protéger de leurs prédateurs en copiant leur mécanisme de défense,
  • Ce sont des pollinisateurs et auxiliaires de culture,
  • Ils sont présents dans la quasi-totalité des écosystèmes terrestres,
  • Ces insectes se développent à l’état larvaire dans une variété de niches écologiques, en d’autres termes, à chaque larve son habitat spécifique. Par exemple, la larve d’Eristalis arbustorum, se développe dans des dépressions remplies d’eau riches en nutriments. Ces liens étroits entre une espèce et son habitat de développement larvaire en font de très bons indicateurs écologiques.

 

 

L’échantillonnage : La tente Malaise ou piège Malaise

 

©Installation d’une tente Malaise au sud-ouest du marais, en présence de Sylvie Duret, Hadrien Gens et Candice Gagnaison), LolaBoile

La méthode d’échantillonnage utilisée dans le cadre de ce protocole est le piège Malaise,du nom de son inventeur, René Malaise. Ce piège en tissu ressemble à une tente. La structure est composée d’un toit et d’une paroi verticale au centre. Elle est généralement  installée perpendiculairement aux couloirs de vols. Ainsi, les insectes volants butent contre la paroi centrale et la longent en direction d’un flacon qui permet de les récolter. La récolte se fait toutes les 2 à 3 semaines tout au long de la période de vol, c’est-à-dire entre mai et septembre). Par la suite, les insectes capturés sont triés et les syrphes séparées et identifiées en laboratoire sous loupe binoculaire à l’aide de différentes clés d’identification.

 

©Couverture et planche de la clé des 88 genres de Diptères Microdontidae et Syrphidae d’Europe occidentale. Sarthou J.P., Sarthou V. and Speight M. C.D., 2021.

 

 

L’indicateur STN :

L’étude a pour objectif la production d’un indicateur Syrph TheNet. C’est un indicateur d’intégrité écologique, c’est-à-dire, une valeur permettant d’interpréter, entre autres, l’état fonctionnel des habitats sur la zone d’étude. Le principe de l’analyse repose sur l’association espèce-habitat. L’état larvaire étant étroitement lié à des conditions habitationnels spécifiques, la présence ou l’absence d’une espèce permet d’établir la qualité de son habitat de développement. Ainsi, à l’échelle du site, on compare une liste d’espèces attendues (établie selon les habitats connus sur le site) et la liste des espèces rencontrées lors de l’échantillonnage. On obtient alors une valeur qualifiant l’intégrité écologique des habitats sur le site. Cet indice peut être utilisé dans un suivi temporel puisque les valeurs peuvent-être comparées entre les années. On peut ainsi tirer diverses interprétations sur l’évolution de la qualité des habitats au sein du site.

L’étude sur le Marais de Vaux :

Sur le marais, l’étude est menée par le Conservatoire d’espace naturels Rhône-Alpes entre 2023 et 2024 avec l’installation de 8 pièges Malaise (4 en 2023 et 4 en 2024). Celle-ci est conduite en prestation avec l’association gestionnaire de la Réserve Naturelle Nationale de Remoray dans le Doubs :  Les Amis de la Réserve Naturelle du Lac de Remoray (www.maisondelareserve.fr). Elle permettra de produire l’indicateur Syrph TheNet (voir ci-dessus) mais aussi d’inventorier ce groupe pour la première fois sur l’Espace Naturel Sensible du marais de Vaux.

 

En 2024, à la fin de l’étude, les résultats permettront d’enrichir la liste d’espèces connues mais aussi de mieux comprendre les habitats naturels pour évaluer les opérations de gestion et les adapter au plus près des besoins et enjeux sur l’ENS.