Inventaire des pelouses sèches, mieux connaître pour mieux agir

,

Avant de prendre en main la gestion de pelouses sèches, il est bon de les répertorier et ce travail n’est pas une affaire identique d’un département à l’autre ! En effet, les situations diffèrent grandement entre les bas-monts du Pays de Gex, les grands parcours herbeux des collines de la Drôme provençale ou encore les pelouses des Monts d’Or. Aussi, les inventaires réalisés dans chacun des départements se sont appuyés sur des stratégies adaptées, avec une ambition semblable : pouvoir prioriser ensuite des sites d’intervention en fonction des enjeux relevés.

Pour le département de la Loire, il restait en 2022 un secteur orphelin : les coteaux du Forez. C’est ainsi que Marine Arnou s’est investie dans un travail d’inventaire de terrain auprès de Guillaume Chorgnon.

 

 

Marine Arnou, étudiante en master de Gestion de l’environnement à Lyon, actuellement en stage au Conservatoire, nous explique en quoi consiste la réalisation d’un inventaire des pelouses sèches :

Le Cen mène cet inventaire depuis 2015 sur le département de la Loire. Il s’agit de recenser toutes les pelouses sèches sur le territoire dans le but de faire un état des lieux qui soit le plus complet possible pour améliorer les connaissances sur le sujet, les mettre en lumière auprès des collectivités locales et mettre en place par la suite des actions de gestion adaptées.

  • Qui est impliqué dans cet inventaire et quelle est son origine ?

Léa François, chargée de projet, et Guillaume Chorgnon, chargé de mission au Cen sont responsables de cet inventaire  qu’ils mènent avec l’appui du Conservatoire botanique national du Massif central. Cet inventaire est une initiative lancée par le Cen, dans le cadre d’une dynamique régionale d’inventaire de ces milieux, grâce au soutien financier de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

  • Et comment met-on concrètement en place un inventaire ?

Avant tout inventaire, il faut d’abord commencer par faire une synthèse de l’existant, c’est-à-dire l’analyse des données déjà en notre possession. Ensuite, il y a deux phases importantes :

La première phase, méthode dite de pré-cartographie dont l’essentiel consiste en un travail de photo-interprétation. Grâce à un logiciel de cartographie, on essaye de repérer les pelouses sèches en nous aidant de photos aériennes. C’est un travail de longue haleine et très méticuleux ! Pour les reconnaître, on s’appuie sur plusieurs facteurs qui permettent d’identifier les secteurs favorables à la présence de pelouses sèches, cela peut être des espaces ouverts secs, des espaces en pente exposés au sud…On prend ensuite le temps de noter sur une carte IGN, les emplacements et de délimiter chaque zone. On obtient alors une carte des pelouses sèches potentielles.

La deuxième phase, est la prospection de terrain, elle s’effectue entre la fin du printemps et le début d’été pour mettre de côté toutes les chances d’apercevoir les espèces caractéristiques.

On se rend donc physiquement sur les zones que l’on a préalablement déterminées à l’étape n°1, et c’est comme si on partait à la chasse aux trésors en quelque sorte. Il faut effectuer des relevés floristiques les plus exhaustifs possibles; cela consiste à noter chacune de nos observations sur une fiche de terrain pour garder une trace de notre passage, elle précise la date de la sortie, les plantes observées, le niveau d’embroussaillement… En fonction des plantes observées sur les zones, on peut ainsi définir le type d’habitat. Les espèces qui vivent sur les pelouses sèches sont très exigeantes sur la topographie du milieu !

  •  Finalement, à quelles fins seront utilisées les données récoltées ?

La dernière étape de l’inventaire permet la synthèse et l’analyse des données. Dans un premier temps, on produit une cartographie finale des pelouses sèches du territoire, puis on traite les données selon deux aspects : la connectivité et la hiérarchisation.

La connectivité permet d’observer les pelouses sèches à travers un réseau d’habitats connectés entre eux, tandis que la hiérarchisation permet d’établir une organisation des pelouses entre elles en fonction de plusieurs critères, par exemple leur statut de conservation, les menaces, les éléments patrimoniaux….

Les données récoltées serviront de base de connaissances du milieu. Quant à l’outil inventaire, il pourra être utilisé par exemple par des élus et des collectivités ce qui favorise une meilleure prise en compte des pelouses sèches dans les documents d’urbanisme.

 

Pour aller plus loin, découvrez en quoi consiste le Programme de préservation des pelouses sèches