Concours agricole : les prairies naturelles mises à l’honneur !

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Mardi 27 avril, le Conservatoire d’espaces naturels Rhône-Alpes a organisé un concours des prairies naturelles dans l’ouest lyonnais, sur le territoire du plateau mornantais, de la vallée du Garon et du Bozançon. Quatre éleveurs ont ainsi concouru dans la catégorie “prairie sèche de fauche”. Le jury les a rencontrés et a visité leur parcelle pour évaluation. Le lauréat est Eric Delorme, éleveur à Montagny. Il est donc en lice pour la finale nationale, au Salon International de l’Agriculture 2022 à Paris. Le Prix de la stratégie et la cohérence agroécologique a quant à lui été décerné à Alexandre Murigneux (Ferme de la Quintillière à Chabanières).

Un concours pour valoriser les prairies naturelles et les pratiques agro-écologiques

Un jury constitué d’experts de différents domaines (agronomie, apiculture, élevage, botanique, etc.) s’est réuni pour visiter les parcelles en lice et rencontrer les agriculteurs. Munis de fiches de notation, les membres du jury ont observé la présence de plantes indicatrices de la richesse botanique de la prairie mais aussi de ses qualités agricoles (valeur nutritive pour le bétail, souplesse d’exploitation). Le potentiel apicole, la diversité des milieux naturels (présence de haies, bosquets…) et la cohérence des pratiques agricoles ont également été pris en compte. Chaque parcelle s’est ainsi vu attribuer une note correspondant à sa valeur agro-écologique. Eric Delorme, éleveur à Montany a remporté le concours et Alexandre Murigneux a obtenu le prix de la “Stratégie et de la cohérence agroécologique). La remise des prix officielle aura lieu à l’occasion de la “Journée comme autrefois” à Saint-Jean-de-Touslas, début septembre (sous réserve du maintien de la manifestation). Le lauréat est également sélectionné pour participer à la finale nationale qui se tiendra au Salon International de l’Agriculture 2022.

Bilan de cette journée : de belles prairies gérées par des agriculteurs passionnés !

A l’issue de cette journée, le jury s’est accordé à dire que les prairies visitées sont de belles parcelles, avec une importante biodiversité (plus de 50 espèces ont été inventoriées sur chacune d’entre elles). Il est à noter que, dans un contexte périurbain comme celui de l’ouest lyonnais, il est de plus en plus rare de voir des prairies naturelles. Au cours des échanges, les agriculteurs ont également pu témoigner des effets du changement climatique et de l’impact sur leur activité. En effet, depuis 5 ans, tous ont constaté une baisse de la pluviométrie, avec des printemps plus secs et des étés plus chauds. La conséquence ? La végétation est moins abondante qu’auparavant, ce qui signifie moins de fourrage pour le bétail. Tous les agriculteurs qui ont participé au concours sont normalement autonomes en fourrage. Mais avec les sécheresses successives, cela devient de plus en plus difficile. Malgré ces difficultés, ces éleveurs ont fait le choix de maintenir leurs prairies à l’état naturel et elles leur rendent bien ! Elles sont en effet plus résilientes face aux différentes perturbations, et de par leur richesse, elles assurent un fourrage de qualité pour le troupeau.

Les membres du jury ont ainsi salué les pratiques des éleveurs qui ont pu déclarer leur amour pour leur terre, leur troupeau et leur métier ! Le Conservatoire remercie chaleureusement le jury et les agriculteurs ayant participé à ce concours.

LES AGRICULTEURS

Eric Delorme éleveur de vaches allaitantes à Montagny

Gagnant du concours

L’avis du Jury : La prairie visitée est un vieux pré exploité depuis plusieurs générations dans le respect de la faune et de la flore qui y vit mais également des pratiques ancestrales. Son père l’exploitait déjà en prairie permanente, depuis tout petit, il l’a toujours vu en prairie naturelle.
Il l’exploite de la même manière que son père le faisait : fertilisation faible et fauche au mois de juin (voire une seconde fauche en fin d’été mais les sécheresses successives la rende plus aléatoire), conservation des boisements qui entourent la prairie. Ces derniers apportent un soutien important en période de sécheresse, comme ces 5 dernières années. Eric Delorme réalise du foin de qualité sur cette prairie qu’il réserve pour ces petites génisses. 65 plantes ont été répertoriées : ce qui est relativement exceptionnel !

Les membres du jury ont transmis des conseils pour optimiser l’exploitation de sa prairie :

  • Réaliser une fauche tardive afin de permettre le renouvellement de la diversité végétale.
  • Réaliser un pâturage sur le regain en fin d’été ce qui permettrait une fertilisation naturelle de la prairie mais également de pallier à la sous-utilisation du second cycle de la prairie et d’améliorer la résilience de la prairie vis à vis du changement climatique (graminées sociales qui ont tendance à dominer seraient broutées en fin d’été, ce qui permettrait de donner de la lumière aux autres espèces).
  • Le pâturage en fin d’été permettrait également d’intégrer la partie ligneuse dans son système d’exploitation qui n’est pas valorisé aujourd’hui.
  • Ne plus utiliser la herse : qui est un coût supplémentaire pour une efficacité non prouvée.

 

 

 

Alexandre Murigneux  éleveur de vaches allaitantes à la Ferme de la Quintillère à Saint-Maurice-sur-Dargoire

Prix de la Stratégie et de la cohérence agroécologique

L’avis du Jury : c’est une prairie exploitée au moins depuis les années 50. Son père l’exploitait puis il l’a reprise lors de son installation en agriculture en 2015. Cette prairie est importante dans son système car elle a un rôle clé d’un point de vue de la santé de ses animaux (phytothérapie), du fait de la richesse en diversité de plantes (42 espèces différentes). Les membres du jury ont souhaité lui décerner le prix de la stratégie et de la cohérence agroécologiques car il a un raisonnement globale sur la cohérence de sa ferme (en plus d’être éleveur, il est aussi paysan brasseur et produit la bière “Busard”). Il réfléchit à faire évoluer sa ferme afin qu’elle soit la plus résiliente possible vis à vis du changement climatique (conservation des prairies permanentes, agroforesterie/plantation de haies, variété de céréales dans ses cultures, gestion des intrants,etc.). Il fait évoluer sa ferme en fonction des aléas qu’il rencontre et en fonction de sa quête de cohérence (environnementale, bien-être animal, sociétale, économique, …).
Les membres du jury ont transmis des conseils pour optimiser l’exploitation de sa prairie :

  • Réaliser une faible fertilisation organique issue de l’exploitation.
  • La plantation de haie est nécessaire pour protéger la prairie de la sécheresse mais également du vent (secteur venteux qui augmente l’assèchement de la prairie).

 

 

Marc Ollagnier, éleveur de vaches laitières, Ferme des Clarines à Saint-Maurice-sur-Dargoire

 

Jérôme Bigeard éleveur de vaches laitières et allaitantes  à Saint-Laurent-d’Agny

 

LE JURY

(De gauche à droite)

Aurélien Culat du Conservatoire Botanique National du Massif Central

Isabelle Bayard, apicultrice à Millery

Julien Pottier de l’INRAE Clermont Ferrand

Michaël Coquart du CMRE – Rhône Conseil Élevage

Lucile Brochot, vétérinaire, membre de Zone Verte

 

Focus sur le Concours Général Agricole des Pratiques Agro-Écologiques Prairies et Parcours

Manifestation officielle du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, ce concours a pour objectif de valoriser ces prairies naturelles qui contribuent à la préservation de la biodiversité et à la production d’un fourrage de qualité pour le bétail. Il met à l’honneur le savoir-faire des agriculteurs et souligne l’influence positive de la richesse floristique des herbages sur les propriétés gustatives et nutritives des différentes productions agricoles (viande, lait, miel, fromage, etc.)

Depuis leur création en 2014, c’est la deuxième fois qu’un concours des prairies naturelles est organisé sur l’ouest lyonnais dans le Rhône. Pour cette année, les parcelles sélectionnées se situent sur le territoire du plateau mornantais, de la vallée du Garon et du Bozançon. La nouveauté également : le concours cible les prairies sèches destinées à la fauche prioritairement. Par « prairies sèches », on entend des prairies d’herbes basses essentiellement composées de plantes vivaces de hauteur moyenne (20 cm) et de graminées. Elles se développent sur des sols peu épais, pauvres en nutriments, relativement secs et très ensoleillés. Avec  leurs  caractéristiques  bien  particulières,  ces  prairies  comportent de nombreux atouts pour une exploitation agricole : prairies nutritives, un plus pour la santé des animaux (du fait de la présence de plantes médicinales), qualité de viande et de lait améliorée, sols toujours portants, etc.

 

Consulter la plaquette d’information sur les prairies sèches du Rhône

 

 

Concours réalisé grâce au soutien financier de la CCVG, l’OFB et le SOL